copyright Sébastien Dolidon

Comédien, José Salazar a débuté par le théâtre avant de réaliser que la matérialité du film à travers son support convenait davantage à ses aspirations créatrices. Il a écrit plusieurs courts-métrages qui entremêlent fiction et éléments du réel.
Quel est ton parcours  ?

J’ai démarré ma carrière artistique comme comédien, mais je me suis vite tourné vers la vidéo et j’ai réalisé des projets personnels pour me familiariser avec la création audiovisuelle. J’ai repris des études à la Sorbonne pour obtenir un Master en Scénario, Réalisation et Production en 2016.

est-ce qui t’a donné envie d’écrire et réaliser des films ?

En tant que comédien, j’étais souvent frustré des propositions de mise en scène. Je sentais que ma place n’était pas tout à fait sur le plateau, mais je n’osais pas imaginer diriger une pièce de théâtre. L’immatérialité de l’objet théâtral était pour moi source de beaucoup de frustration. J’ai trouvé dans le film cette matérialité qui me manquait, cette nécessité qu’a le cinéma de filmer l’objet pour exister.

Qu’est-ce qui t’a influencé ?

Ma première source d’inspiration a été la puissance des films de John Cassavetes et des premiers films de Jean-Luc Godard. Pendant mon année de Master de recherche, j’ai étudié le travail de Bruno Dumont avec des comédiens non-professionnels et cela m’a obsédé. D’ailleurs, presque tout mon travail jusqu’à présent s’est inscrit dans cette logique d’insertion du réel dans un dispositif technique et dramatique pré-établi.

Qu’est-ce qui t’intéresse dans la forme du court-métrage ?

J’aime la contrainte du court-métrage. Le fait de devoir raconter une histoire dans le temps le plus court. C’est un exercice de synthèse excellent pour l’écriture de scénarios, car on est obligé d’aller à l’essentiel. Les courts-métrages sont aussi annonciateur d’un univers, celui des réalisateur·rices, ce qui est très stimulant pour la création audiovisuelle. Aussi, j’aime la diversité des propositions et la liberté que le court-métrage offre aux créateurs de tous bords. 

Est-ce que tu regardes des courts-métrages ?

Oui,beaucoup. J’aime les regarder surtout dans des festivals. Je suis un assidu du Festival de Clermont-Ferrand. Sinon, je les regarde sur des plateformes en ligne.

Quand je démarre l’écriture d’un nouveau projet, je suis un gros consommateur de courts-métrages. Cela me permet d’affiner mon intuition et de trouver des images, un éclairage, un mouvement de caméra ou une réplique qui m’accompagnent ensuite pendant l’écriture.

Quel regard portes-tu sur la production française actuelle ?

Je trouve qu’elle est foisonnante et très stimulante. Je ne vais pas être très original en disant que nous sommes très chanceux d’avoir une production aussi importante que diverse. Il y a quelque chose de très particulier dans la production française « officielle » de courts-métrages et c’est qu’on arrive à identifier des tendances, comme par exemple dans le milieu du théâtre ou de la danse, ce qui prouve à mes yeux qu’il s’agit d’une expression qui est vivante et qui évolue de façon groupée, comme une masse créative. Je trouve que cette cohérence est révélatrice d’un art qui est reconnu en tant que tel et qui évolue.

En revanche, elle peut aussi être source de frustration pour le spectateur et aussi pour les créateurs, quand on ne fait pas partie du sérail, mais cela n’empêche pas la création indépendante d’être tout aussi riche et variée. Je pense que c’est ce qui fait sa différence par rapport à la production de courts-métrages dans d’autres pays, sa cohérence, sa diversité et sa volonté de se renouveler dans un ensemble qui est déjà très riche et concurrentiel.

Ton dernier coup de ♥ ?

Mes coups de cœurs changent en permanence, mais le dernier travail que j’ai découvert et qui me passionne est celui de Gabriel Abrantes. Je conseillerais tous ses court-métrages, mais si je devais en choisir un ce serait Liberdade (17′ – 2011) de Gabriel Abrantes et Benjamin Crotty car il est rempli de poésie douce et discrète que j’apprécie et parce qu’il s’inscrit dans un univers entre fiction et réalité qui me fait penser au mien.

 

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Catégories : EntretienKontrechamp

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