En équipe réduite et avec des collaborateurs de longue date, Suki fait des courts métrages en animation 2 D depuis une vingtaine d’années. En 2019, son projet Mondo Domino attire l’attention d’Arte qui prend part au financement aux côtés de Pictanovo. C’est le déclic pour faire de sa structure UTOPI une société de production. Suki portrait

Quel est ton parcours ? 

J’ai un parcours plutôt d’autodidacte, parce qu’en fait après un bac S, j’ai fait Arts du spectacle Option Cinéma mais c’était pas assez concret. J’ai pas eu mon DEUG, mais en travaillant l’été j’avais réussi à me payer un ordinateur. Je dessinais un peu et je me suis formé tout seul sur Photoshop, After Effect et puis Flash. Comme ça, je pouvais raconter mes histoires. J’ai travaillé dans le graphisme en entreprise, puis en tant que freelance ; ce qui m’a permis d’avoir du temps pour mes propres projets que j’auto-produisais. C’est d’ailleurs sur un de ces projets en cherchant des voix que j’ai rencontré Stéphane Debureau, avec qui j’ai bien accroché. Nous partageons tous les deux la même vision du monde. On s’est mis à travailler ensemble : chacun écrivait ses projets et on s’en parlait ensuite. Plus tard, Stéphane m’a présenté  Jean-Philippe Gréau qui s’est joint à nos aventures. De projets en projets, on a continué à avancer. Jusqu’à ce que nous ayons la surprise que Arte s’intéresse à Mondo Domino et nous propose d’entrer en coproduction. Ensuite, Pictanovo qui m’avait déjà soutenu dix ans plus tôt est arrivé.

Qu’est ce qui t’a donné envie de faire de l’animation ?

En fait, avant tout l’envie initiale c’était de raconter des histoires. L’animation est venue parce que je savais un peu dessiner. Et puis avec un ordi, je pouvais faire des histoires de chez moi. C’était en fait le moyen le plus simple de faire des films tout seul dans mon coin.

Qu’est-ce qui t’a influencé ?

Je ne regardais pas tellement d’animation. Ou alors les Disney, comme tout le monde. Je n’ai découvert Miyazaki que tardivement, par exemple. Mes références sont plutôt dans la prise de vues réelles Kubrick, parce qu’à chaque film il cherchait une forme pour son propos. Spielberg aussi, on le met plutôt du côté du divertissement mais sa réalisation relève de la maestria.  Jacques Audiard, qui sait allier le populaire et le fond, sans jamais prendre les spectateur pour un idiot à qui il va expliquer la vie. Ses films sont super bien écrits, super bien réalisés et super bien interprétés. Je peux également citer Yves Boisset, Bertrand Tavernier et Albert Dupontel.

Qu’est-ce qui t’intéresse dans la forme du court-métrage ?

Le fait que ce soit des formats courts, c’est pas pour moi une école pour faire du long métrage. Je ne considère pas le court métrage comme moindre par rapport au long. C’est comme la nouvelle par rapport au roman, ça permet de faire des choses de manière incisive.

Est-ce que tu regardes des courts-métrages ? 

Oui, ça m’arrive. J’en vois en ligne et à la télé, on en trouve de plus en plus. Je vais également en festival. Souvent, je regarde des courts métrages avec les contraintes de l’animation en tête. Dans l’animation, on fait en sorte de ne pas faire des images qu’on ne va pas utiliser : tout est prévu en amont pour aller à l’essentiel. Pour certains films en prise de vues réelles, je me dis qu’ils auraient pu être plus resserrés. Par exemple, il est parfois possible d’amener une dimension contemplative sans pour autant faire des plans « longs ». Évidemment, c’est l’histoire qui compte et qui dicte le rythme. 

 

Quel regard portes-tu sur la production française ? 

C’est une vaste question, parce que la production française est variée, ne serait-ce qu’avec les différents genres. Et puis avec les séries maintenant, il y a des passerelles entre le cinéma et la télé notamment avec les comédiens. Mais il y a un peu de formatage.

Le cinéma français est de moins en moins revendicatif, ça je le regrette. Il y a moins de moins de films engagés. Quand je parle de cinéma engagé, il ne s’agit pas de films pour nous dire ce qu’il faut penser mais plutôt d’un cinéma qui invite à la réflexion et au débat. Cela manque un peu, je trouve. 

Quel est ton dernier coup de  en terme de court-métrage ?

J’ai vu Souvenir Souvenir (15′- 2020) de Bastien Dubois que j’ai beaucoup aimé. Le réalisateur souhaite faire un film sur la guerre d’Algérie à travers ce qu’en disait son grand-père. Il aborde les différentes phases de son projet en alternant deux styles de dessin, c’est vraiment très bien fait, très bien écrit, très bien pensé.

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Catégories : EntretienKontrechamp

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