Pour Nicolas Julia, cofondateur et PDG de Sorare, les NFT sont « Une machine à créer de la rareté digitale ». Alors qu’en 2009, la blockchain se caractérisait essentiellement comme étant une technologie permettant le transfert de valeur en peer to peer (Cf premier article blockchain news), en septembre 2017 est apparu le nouveau concept des « Non fongible token », soit des jetons non fongibles. Symboles de la rareté et de l’unicité des œuvres de l’esprit, les NFT trouvent aujourd’hui différentes applications : Musique, œuvres d’art, jeux-vidéos… Il semble de ce fait que le rapprochement entre les jetons non-fongibles et le monde de la culture  devienne inéluctable dans un futur très proche.

Approche notionnelle des NFT

Pour bien comprendre ce que représente un jeton non fongible, il est nécessaire de revenir sur la distinction des choses fongibles / non fongibles :

Une chose est qualifiée de fongible, lorsque celle-ci peut être remplacée indifféremment par une autre, dans la mesure où elle est interchangeable. Cette fongibilité peut être dite objective, c’est à dire, lorsque deux choses sont exactement équivalentes (une tonne de blé, pour une tonne de blé). En revanche, elle est dite subjective, lorsque le rapport d’équivalence est déterminé par la volonté des parties à un contrat (une tonne de blé pour une certaine somme d’argent).

Dans un sens contraire, une chose est dite non-fongible, lorsqu’elle est individualisée, déterminée. Elle n’est pas en principe interchangeable. Nous pouvons prendre l’exemple du tableau de la Joconde, dans la mesure où cette œuvre est individualisée, déterminée. Il n’est donc par conséquent possible  de substituer cette œuvre à un autre bien. En revanche, il est admis que les parties puissent rendre fongibles, certaines choses qui à l’origine ne le sont pas.

Si l’on revient à présent sur les NFT, ceux-ci se caractérisent par leur caractère unique, non interchangeable et identifiable, d’où l’acception de jetons non-fongibles. Stockés sur une blockchain (Sur Ethereum pour la plupart d’entre eux), ces derniers sont rattachés au certificat d’authenticité d’une œuvre numérique. Pour illustrer cela de manière concrète, lorsqu’une vente aux enchères se réalise, l’œuvre d’art vendue sera associée à un certificat prouvant son authenticité. Le principe pour les NFT est exactement le même, mais en l’occurrence pour les œuvres numériques. Et, de la même manière que tout bien physique, chaque jeton non-fongible peut faire l’objet d’une acquisition (achat) voire d’une cession (vente).

Dans cette optique, l’œuvre numérique d’un auteur sera représentée sous la forme d’un jeton non-fongible, auquel il sera possible d’y adjoindre un droit de suite (cf premier article sur la blockchain) qu’il percevra lorsque l’œuvre sera revendue ultérieurement.

En tout état de cause, si au départ l’usage des jetons non-fongibles se cantonnait essentiellement au domaine du jeu-vidéo, depuis quelques mois de nombreux auteurs et artistes s’y intéressent de plus en plus au point de vouloir miser sur ces derniers.

Les applications des NFT : Jeux-vidéos, art, musique

De plus en plus de filières créatives commencent à s’intéresser aux jetons non fongibles.

Le monde de l’art s’y intéresse grandement, à l’instar de l’entreprise lyonnaise Vangart. Valorisant la création artistique française, elle prône la réalisation des œuvres brodées en les numérotant et les délivrant avec un certificat d’authenticité signé par l’artiste. Le principe de Vangart est très simple : Une œuvre est égale à une certification, avec le jeton non-fongible qui lui est associé. Dans cette optique, lorsqu’une personne va obtenir une œuvre Vangart, elle fera l’acquisition d’une certification NFT, fondant ainsi la preuve de l’unicité de l’œuvre. Le certificat numérique de l’œuvre, elle même numérique, remplace ainsi le certificat papier classique (Ce qui est aussi respectueux de l’écologie). Le jeton non-fongible, unique, associé à l’œuvre comprendra ainsi l’ensemble des informations relatives à cette dernière (Le nom de l’œuvre, le nom de l’artiste, les dimensions…), ce qui contribue à une plus grande transparence, in fine, une traçabilité de l’œuvre.

Nous pouvons enfin mentionner l’engouement récent de la filière musicale vis-à-vis des jetons non-fongible. C’est notamment le cas du chanteur The Weeknd, ayant annoncé à la suite de sa prestation au Superbowl, qu’il allait réaliser une chanson en se basant sur le principe des NFT. Pour le moment, les informations sont encore assez limitées pour avancer qu’elle en sera l’utilisation des jetons non-fongibles et s’il faudra se procurer d’une version unique de l’œuvre, ou si celle-ci sera disponible sur l’ensemble des plateformes de streaming.

En tout état de cause, nous pouvons mentionner le groupe de rock Kings of Leon, ayant sorti un album en se basant sur la technologie de la blockchain et des jetons non-fongibles. Si l’album est disponible sur les plateformes de streaming classiques, une autre version « NFT » a pu faire l’objet d’une acquisition. L’œuvre contenait ainsi des bonus supplémentaires, tels qu’une pochette animée ou encore un vinyle en édition limitée. Par ailleurs, 18 jetons non-fongibles dits « Tickets d’or », ont été distribué, donnant d’importants avantages, notamment des places à vie et au premier rang pour l’ensemble des concerts du groupe de musique.

Ces trois exemples d’application des NFT démontre que la majorité des filières créatives commencent sérieusement à s’y intéresser. Au départ limité au domaine des cartes à collectionner, leur utilisation s’est rapidement propagée à d’autres domaines culturels, voyant dans les NFT un potentiel indéniable. Si ces différents domaines démontrent que l’usage des jetons non-fongibles devient nécessaire, le domaine du cinéma doit s’y intéresser de manière très attentive.

La course aux NFT pour la filière audiovisuelle et cinématographique est officiellement lancée !

 

Maxime Quérou

 

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