©JulieGrossetêteAurélie Steunou-Guégan a créé ASG-Studio en 2017 autour de deux idées : accompagner des projets et ne pas se limiter à l’audiovisuel ; une activité « sur mesure » qu’elle a su s’inventer et qui est nourrie par son parcours. Elle partage son temps entre le Nord de la France et le Japon.


Quelle est ta démarche ?

J’ai toujours été habitée et je le suis toujours (sans ordre de préférence) : le sport, la mer et l’art. Mais finalement après mon bac ES, j’ai choisi des études d’Arts Plastiques. Je me souviens de cette phrase d’une professeure-artiste, je venais de lui présenter un dessin que j’avais réalisé sur le thème de l’utopie je crois, au premier semestre de ma première année de fac : « Il faut créer son propre parcours le plus tôt possible. » Cela m’a marqué et j’ai suivi son conseil pendant mes études supérieures. Je savais dès le début que je ne voulais pas être artiste, mais être comme « facilitatrice/médiatrice » entre structures, financements et artistes pour faire émerger/donner à voir des projets culturels et artistiques qui me semblaient avoir du sens.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir productrice ?

Comme je le souligne déjà un peu dans la précédente question, ce qui me plaît et cela avant-même de produire, c’est de « miser », de croire dans une idée, un projet, un concept, un pilote, une thématique ou un texte. Si je répondais sans réfléchir, je dirais que c’est aussi que j‘aime voir les gens prendre confiance en eux et (se) dépasser « l’idée ». J’aime également monter une équipe et voir qu’ils aiment travailler ensemble.

Qu’est-ce qui t’intéresse dans la forme du court-métrage ?

Mon adage est « less is more » alors le court-métrage est une forme qui je trouve incarne pas mal ce concept. Il est de fait difficile « de remplir » ou de « bavarder » dans un court-métrage.

Le temps devient une contrainte mais je le vois plutôt comme une opportunité, une liberté de s’approprier cette forme, ce temps pour trouver le ton pour le fonds ou d’évoquer une résonance chez le spectateur, etc.

Est-ce que tu regardes des courts-métrages ?

Bien entendu, même si sa diffusion est bien trop confidentielle. Dommage par exemple que la loi de 1940 qui imposait un court à chaque début de séance (et un % de recette de la salle) fut « détournée », puis supprimée et remplacée par la pub et la promotion. En dehors des festivals dédiés, je suis pas mal accro à Court-circuit. J’en regarde aussi beaucoup sur internet qui a clairement permis de ressortir les courts de leurs espaces de diffusion trop « confinés ».

Qu’est-ce qui t’a influencée ?

Je ne sais pas trop exactement. Ce qui m’anime depuis le début c’est quand les choses font sens, donne des perspectives, du rêve ou encore un écho, un souffle à notre monde, nos vies. Le court et l’art en général le permettent.

Quel est ton regard sur le cinéma français actuel ?

Si je regarde les réseaux classiques, je le trouve un peu étriqué, concentré et un peu en manque de diversité. Je le trouve toujours misogyne, même si les temps changent (heureusement)… Pour finir sur une note plus optimiste, heureusement il y a toujours une forme de renouvellement, hybride, libre notamment grâce au web et des acteurs/trices inventif-tives qui prennent « des risques ».

Un peu comparable au phénomène des youtubeur/ses, les réalisateurs et réalisatrices peuvent démontrer leur talent sur la toile ce qui ré-inspire depuis quelques années les gros studios, les TV avec la multiplication de « studios  online », les réseaux de distribution et de diffusion. Les cartes sont un peu en train d’être redistribuées d’une certaine façon et c’est le point positif.

Ton dernier coup de ♥ ?
J’ai vu cette année au Festival International de court métrage de Clermont-Ferrand Prints (Traces) de Jack King (15 minutes, 2018). L’histoire de Miho qui doit trouver d’urgence quelqu’un pour garder sa mère sénile. Sur des routes enneigées, elle trimballe sa mère à l’arrière de la voiture, frappe aux portes sans succès, appelle, tente même en dernier recours de reprendre contact avec son frère.


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Catégories : EntretienKontrechamp

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